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TUÉ D’UN COUP DE FUSIL

« M. Canard, âgé de quarante-six ans, cultivateur à Drucourt, était allé chasser dimanche. Lundi, il a été trouvé inanimé dans un herbage à Saint-Vincent-du-Boulay. Il avait été tué d’un coup de fusil entre les deux épaules. On ignore s’il y a eu crime ou accident. Le parquet de Bernay s’est transporté hier sur les lieux. »

La pire chose qui puisse arriver dans un fait divers, c’est de faire rire aux dépens de la victime. Ce pauvre Monsieur Canard ne pouvait-il pas mourir autrement que d’un accident de chasse ? Cet incident se déroule en 1917, du côté de Bernay, dans l’Eure. Le journal s’interroge : incident de chasse ou crime ? Il faut quand même avouer que ce Monsieur Canard qui chassait tandis que d’autres, nombreux, mouraient sur le front, n’avait guère de cœur semble-t-il.

« Quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canard : c’est un canard. C’est vrai aussi pour les petits merdeux. » (Michel Audiard)

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Durant l’hiver 1830, les Rouennais se plaignaient du peu d’entretien des rues enneigées de leur ville. A cette même époque, on se chamaillait aussi sur le fait d’accorder ou pas une subvention au théâtre. Un lecteur eut l’idée qui aurait pu, si on l’avait écouté, mettre tout le monde d’accord. Dommage que ce personnage ne soit plus parmi nous. Il aurait certainement trouvé une réponse géniale à nos problèmes de circulation dans Rouen, voire au remplacement de notre beau pont Mathilde, cramé, déformé et pas près d’être réparé.

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Les histoires de singes ou de perroquets font toujours sourire, surtout quand ces histoires appartiennent à la vraie vie, ou presque. Le premier article date de 1914, le second de 1846. Un roi des Belges, un général, un curé de paroisse, tous plus sérieux les uns que les autres, sont ici un peu les dindons de la farce.

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En 1764, les « Annonces, affiches et avis divers de Haute et Basse Normandie » reprennent une histoire parue dans un journal anglais. Nous sommes loin du conflit qui vient d’opposer la France à l’Angleterre et qui s’est soldé pour nous par la perte du Canada. On aurait pu penser qu’un sentiment de haine aurait séparé nos deux pays. Mais non !

« Trait singulier, tiré d’une Brochure Angloise, qui paroit depuis peu. Un Voyageur du Comté de Kent, arrivant transi de froid dans une Hôtellerie de campagne, la trouva si remplie de monde, qu’il ne pouvoit aprocher de la cheminée. Que l’on porte vite à mon Cheval un panier d’huîtres, dit-il à l’Hôte. A votre cheval ! S’écrie l’Hôtelier, est-ce qu’il mange des huîtres ! … Faites ce que j’ordonne, repliqua le Voyageur. A ces mots tous les Assistans courent à l’Ecurie, & le Cavalier s’empare du feu. M. dit l’Hôte en revenant, je l’aurois gagé sur ma tête : votre Cheval n’en veut pas…. En ce cas, répond froidement le Maître, il faut donc que je les mange moi-même. »

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PREMIER AVRIL…

« On annonce – mais c’est aujourd’hui le premier avril – que la Ville de Paris, profitant d’un moment calme de la journée, va effectuer des essais d’autobus-avion, afin de décongestionner les principales artères de la capitale… »

Heureusement que le journal annonce bien visiblement que c’est un Premier Avril. Sait-on jamais. Nous sommes en 1936. J’imagine qu’à la rédaction du journal on a dû se poser la question. Expliquer ou pas. En province, il y a toujours des gens pour croire à tout. N’empêche, c’est ce qu’il nous faudrait à Rouen pour traverser la Seine. Comment nos élus n’y ont-ils pas déjà pensé ?

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Et puis, pour finir, en 1809, un trait d’esprit bien méchant pour celui qui en fut l’objet :

« M. R*** lisait une de ses tragédies dans une société de connaisseurs. J’ai tâché, dit-il modestement, d’éviter le gigantesque de Corneille et la fadeur de Racine. – Cela s’appelle, reprit quelqu’un, s’asseoir par terre entre deux chaises. »

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Sources : Archives Départementales de Seine-Maritime

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