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Il suffit de comparer les plans terriers de l’Ancien Régime, les cadastres napoléoniens, les cartes du XIXe siècle, aux cartes IGN d’aujourd’hui, pour constater de fréquentes approximations dès qu’il s’agit de toponymie. S’il n’est pas difficile de placer un nom sur un habitat, il est bien plus compliqué pour les cartographes de situer correctement une plaine ou tout autre lieu « abstrait » dont l’emplacement ne se concrétise pas par un ou plusieurs éléments physiques.

Prenons notre commune comme exemple et comparons une carte routière datant de 1862 à une carte IGN de 1994. Cet espace-temps assez limité voudrait qu’en théorie on ne remarque pas de trop grandes différences entre les deux cartes. Pourtant, c’est bien ce qu’il arrive.

Voici quelques anomalies :

L’Épine à Cailloux – 1994

Les Vieilles Terres ne représentent plus aujourd’hui qu’une petite zone de labours à proximité de la départementale menant de Préaux à La Vieux Rue. En réalité, c’est toute la plaine entre les deux villages que l’on dénommait ainsi par le passé. Si l’on utilisait alors le toponyme L’Épine à Cailloux comme on le fait de nos jours, ce n’était que pour désigner des terres, pas si étendues que cela, qui longeaient seulement le hameau du Quesnay.

Les Vieilles Terres –  1862

Plus au Sud de la commune, Le Pâtis Bulaire, encore nommé correctement sur la carte de 1862, cède aujourd’hui la moitié Sud de son territoire au Buisson Saint-Clément, près de La Hémaudière, relevant cette fois non plus de l’unité paysagère du lieu, mais de l’exacte frontière entre les communes, comme si un élément paysager pouvait se contraindre à des limites administratives.

Le Parquet de la Laie, du nord du hameau du même nom, s’est déplacé à l’Ouest du hameau, aux abords du chemin des Ruettes.

Ces bizarreries ne sont pas propres à notre époque. La toponymie a toujours été plus ou moins inconstante, plus particulièrement dans le cas des micro-toponymes qui parfois ne duraient que le temps d’une génération. Néanmoins, on peut être surpris de voir que notre XXe siècle, si bien organisé, si bien informé sur tout, n’ait pas échappé lui non plus à ce banal processus d’oubli.

Note : on remarquera au passage, en comparant les deux extraits de cartes présentés ici, que la voirie vicinale a largement été remaniée à Préaux. De nombreux chemins ont en effet disparu depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Cette pratique, encouragée par les gouvernements successifs, perdurera jusque dans les années 70-80, avec, bien sûr, les formes d’abus que l’on peut supposer exister de tout temps dans tout conseil municipal.

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