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La Construction d’un Panorama à Rouen

Je suis tombé dernièrement sur un article de presse présentant le projet de construction d’un panorama à Rouen. Celui-ci montrerait une vue de la ville à l’époque de Jeanne d’Arc. La bâtisse fera 26 mètres de haut, 120 de long, la rotonde 30 mètres de diamètre.

Ce projet monumental conduit par la CREA et la Région Haute-Normandie devrait être prêt en 2015, pour un coût de 6 à 7 millions d’euros, soit un peu moins de ce qu’il faudra dépenser pour reconstruire le pont Mathilde.

Il faut savoir que les panoramas étaient très à la mode au XIXe siècle. Au siècle suivant ils ne l’étaient déjà plus. Une fresque en trompe l’œil, aussi grande soit-elle, ne pouvait rivaliser avec l’arrivée de techniques nouvelles telles que la photographie ou le cinéma. Il fallait en outre entretenir à grands frais peinture et bâtiments. L’évolution technique fera très vite, demain, de ce projet coûteux un machin vieillot et ringard, figé, un truc à touristes. Nos élus, nos administrateurs, nos collectivités territoriales, nos administrations, ne sont finalement guère différents de leurs prédécesseurs des siècles passés.

Ceux qui nous Dirigent

Voici ce que disait de l’administration le Journal de Rouen en 1835 :

«L’État, c’est l’administration, voilà en réalité tout le secret du gouvernement à notre époque. Dès lors, l’administration est infaillible, impeccable, irresponsable ; c’est pour elle que la terre a été créée, que l’industrie remue le sol, et que la science demande à l’univers des forces nouvelles. C’est pour l’administration que tout travaille ici-bas. Voilà pourquoi le budget est si ample ; voilà pourquoi l’autorité bureaucratique est si puissamment établie … »

Continuant de plus belle, le journal se risquait à une attaque frontale, pas sans risque à cette époque : « De là vient chez eux l’habitude de se regarder comme très-supérieurs à toute l’humanité ; ils font partie de la caste gouvernante, il leur semble qu’ils ont entre les mains les destinées du ciel et de la terre, et que la société doit toujours et inévitablement suivre l’invariable routine dans laquelle ils se sont endormis. Et le public, aussi disposé qu’eux à les croire infaillibles, s’incline avec respect devant chacun d’eux, en disant : c’est un administrateur ! »

Tout cela n’a pas changé. Ouvrez par exemple la page internet de la CREA et vous tomberez sur un incroyable « Soyez Créa’ctifs ! » Mort de rire ! Comme si l’ingéniosité à communiquer faisait des miracles sur le terrain… Il suffit de venir à Rouen pour s’en rendre compte.

Le Pont Mathilde

A Rouen, les gens qui bossent, dans l’obligation chaque jour de passer par la ville, et pire que tout, de traverser la Seine, ne savent plus à quel saint se vouer depuis presque un an. Parce que l’accident sur le pont Mathilde ne fut ni la résultante d’un mauvais hasard, ni celle de l’agissement d’un conducteur de poids lourd inconséquent, mais le produit de décennies de mauvaise gestion de la circulation routière par les différents organismes censés s’en occuper. Signalisation, infrastructures, laxisme, tout est à revoir ici. A cela s’ajoutait en octobre 2012 travaux en retard sur la place Saint-Paul et fête foraine. Il y avait bien de quoi faire péter un plomb à n’importe quel conducteur. Il fallait aussi bien de la chance à ceux qui ne connaissaient pas la ville pour retrouver leur chemin.

La rentrée arrive, avec elle l’automne, sa météo tristounette, les travaux non terminés, les bouchons, l’auto-satisfaction habituelle de nos élus, le sourire carnassier de Didier Marie, alors voici pour nous consoler un petit article de décembre 1829 qui montre bien qu’à Rouen ce n’était pas mieux avant :

Et pour finir, une petite trouvaille, un peu hors sujet, toujours dans le Journal de Rouen, en 1905 :

« … Lorsqu’une boîte aux lettres est détériorée, la municipalité ne peut la faire remplacer que par une autre boîte fournie par l’administration des postes et payée d’avance. Le maire doit donc adresser un mandat-poste représentant la valeur de la boîte au receveur des postes de Rouen qui avise alors l’administration centrale. Celle-ci avise son fournisseur habituel, M. Lachenal, qui remet la boîte à l’administration centrale pour la transmettre au receveur de Rouen, lequel à son tour l’enverra à la municipalité chargée de la faire installer à la place de l’ancienne. … »

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