Triton Palmé

Posted: 17th July 2012 by admin in Nature, Préaux
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Je l’ai trouvé dans le jardin, caché sous un tas de branchages. C’est un tout petit animal difficile à observer. Il sort de sa cachette à la nuit tombante et se nourrit de petits vers ou d’insectes.

Je n’ai pas de mare dans mon jardin et n’en connaît pas à proximité. Je ne sais donc pas trop comment cette espèce arrive à se reproduire et à coloniser de tels espaces si ce n’est en faisant de longs déplacements. Peut-être profite-t-elle des moindres trous d’eau stagnante pour pondre ses œufs. Peut-être pas, car une eau trop polluée ne lui convient pas.

La phase terrestre correspond à l’essentiel d’une vie de triton. Lent, fragile, on se demande comment cet animal parvient à survivre dans de telles conditions, car les prédateurs ne manquent pas dans un jardin. Par contre, lors de la phase de reproduction et qu’il réussit à rejoindre un point d’eau, il peut être dans cet élément aussi vif qu’un poisson et difficile à capturer.

Autrefois il y avait ici une à deux mares dans pratiquement chaque masure. Le sol argileux convenait tout à fait à l’installation de mares artificielles qui, pour certaines, pouvaient être très anciennes. Le sous-sol, au contraire, ne permettait pas de creuser de puits sans que le coût n’en soit trop élevé. Il fallait descendre à 40 mètres et plus pour trouver de l’eau. Les puits sont donc très rares sur notre plateau. Au XIXe siècle, on a commencé à construire des citernes, en même temps que l’on remplaçait les toitures en paille par de la tuile ou de l’ardoise et que l’on installait des gouttières. Le nombre de mares commença alors à diminuer. Il a depuis fortement régressé, et les mares ont pratiquement disparu dans bien des endroits de la commune. C’est dommage car l’effet est désastreux sur certaines espèces qui ne trouvent plus les conditions nécessaires à leur reproduction.

Préaux s’urbanise à grand train. Rien de comparable cependant avec la commune voisine d’Isneauville que l’on bétonne de tous côtés. Il faut voir comme la région a changé depuis vingt ans… Bientôt s’ajoutera la construction du contournement Est de Rouen, un contournement extrêmement vorace en surface agricole et en espace naturel. La préservation de l’environnement n’est guère prise en compte devant les enjeux économiques de telles infrastructures. Par leur présence, celles-ci accentuent la pression foncière, l’urbanisation. Et la vie sauvage, de petits animaux invisibles comme le sont les tritons, disparaîtra doucement, sans que personne ne s’en rende compte.

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2009, la ville de Dieppe accueillait pour une année le sculpteur égyptien Ali Salem. Cette œuvre monumentale fut exposée au Grand Palais, à Paris. A Dieppe, on l’installa sur un rond-point, à l’entrée de la Grande Rue.

Ce lieu n’était pas destiné à recevoir un tel ensemble. La forme du support en imposa l’orientation. Les « Femmes de pêcheurs » ne regardent donc ni vers le large, ni même en direction du port, mais vers la ville. Le titre implique la narration. La gestuelle implique la narration. Il fallait donc aller jusqu’au bout et placer cette œuvre en un endroit plus approprié, lui donner la dimension qu’elle méritait. On en a fait au contraire un objet dont l’unique dessein était d’orner un lieu à forte fréquentation.

Corps aux formes déconstruites, arrondies, généreuses, usées, reflets doux de la lumière sur l’alliage, l’ensemble a fort belle allure. Le cou tendu vers l’avant, le regard grave et lointain, les « Femmes de Pêcheurs » attendent le retour de leurs maris, de leurs frères, de leurs pères, ces hommes rudes auxquels la vie les a liées arbitrairement. L’anxiété se lit sur leurs visages. La pêche aura-t-elle été bonne ? Reviendront-ils ?

Elles furent enlevées début juin 2010 après une année passée dans cette bonne ville de Dieppe où elles suscitèrent quelques mécontentements. Comprendra qui pourra. Elles partirent pour le Sud de la France, remplacées par une œuvre plus consensuelle, sans génie, de Jean-Marc De Pas.

Tout va bien !

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Il suffit de comparer les plans terriers de l’Ancien Régime, les cadastres napoléoniens, les cartes du XIXe siècle, aux cartes IGN d’aujourd’hui, pour constater de fréquentes approximations dès qu’il s’agit de toponymie. S’il n’est pas difficile de placer un nom sur un habitat, il est bien plus compliqué pour les cartographes de situer correctement une plaine ou tout autre lieu « abstrait » dont l’emplacement ne se concrétise pas par un ou plusieurs éléments physiques.

Prenons notre commune comme exemple et comparons une carte routière datant de 1862 à une carte IGN de 1994. Cet espace-temps assez limité voudrait qu’en théorie on ne remarque pas de trop grandes différences entre les deux cartes. Pourtant, c’est bien ce qu’il arrive.

Voici quelques anomalies :

L’Épine à Cailloux – 1994

Les Vieilles Terres ne représentent plus aujourd’hui qu’une petite zone de labours à proximité de la départementale menant de Préaux à La Vieux Rue. En réalité, c’est toute la plaine entre les deux villages que l’on dénommait ainsi par le passé. Si l’on utilisait alors le toponyme L’Épine à Cailloux comme on le fait de nos jours, ce n’était que pour désigner des terres, pas si étendues que cela, qui longeaient seulement le hameau du Quesnay.

Les Vieilles Terres –  1862

Plus au Sud de la commune, Le Pâtis Bulaire, encore nommé correctement sur la carte de 1862, cède aujourd’hui la moitié Sud de son territoire au Buisson Saint-Clément, près de La Hémaudière, relevant cette fois non plus de l’unité paysagère du lieu, mais de l’exacte frontière entre les communes, comme si un élément paysager pouvait se contraindre à des limites administratives.

Le Parquet de la Laie, du nord du hameau du même nom, s’est déplacé à l’Ouest du hameau, aux abords du chemin des Ruettes.

Ces bizarreries ne sont pas propres à notre époque. La toponymie a toujours été plus ou moins inconstante, plus particulièrement dans le cas des micro-toponymes qui parfois ne duraient que le temps d’une génération. Néanmoins, on peut être surpris de voir que notre XXe siècle, si bien organisé, si bien informé sur tout, n’ait pas échappé lui non plus à ce banal processus d’oubli.

Note : on remarquera au passage, en comparant les deux extraits de cartes présentés ici, que la voirie vicinale a largement été remaniée à Préaux. De nombreux chemins ont en effet disparu depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Cette pratique, encouragée par les gouvernements successifs, perdurera jusque dans les années 70-80, avec, bien sûr, les formes d’abus que l’on peut supposer exister de tout temps dans tout conseil municipal.

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L’histoire de notre commune est à maintes reprises liée à d’autres lieux. Elle le fut par exemple avec l’Angleterre du temps du duché de Normandie, avec la Palestine lors des croisades. Angoulême, en Charente, fait partie de ces noms qui, à plusieurs occasions, se mêlent à celui de Préaux. Il y eut par exemple au Moyen Âge cette alliance avec les seigneurs de Lusignan, comtes de La Marche et d’Angoulême. De la même façon, il existe un lien entre le prieuré de Beaulieu et l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe, installée à un vingtaine de kilomètres au nord de la ville d’Angoulême.

Les seigneurs de Préaux avaient construit le prieuré de Beaulieu dans leur forêt, sur les terres qui aujourd’hui font partie de la commune de Bois-l’Évêque. Cet établissement aura en commun avec l’abbaye de Saint-Amant-de-Boixe quelques-uns de ses abbés commendataires. Le lien est ténu, mais attaché à ces arrangements entre privilégiés qui à l’époque se partageaient le royaume. Car ici aussi existe une relation familiale entre ceux qui tiennent la baronnie de Préaux, les Joyeuse, Bourbon, Angoulême, et ceux qui dirigent le prieuré.

Les abbés commendataires, désignés par le pouvoir royal depuis François Ier, avaient pour rôle de gérer le temporel des établissements religieux dont ils avaient la charge. Ils pouvaient ainsi cumuler plusieurs bénéfices, ponctionnant à leur profit, en échange de leur gestion, une partie des revenus de chacun des établissements dont ils s’occupaient.

Au XVIIe siècle nous avons ainsi Charles de Mayol, également conseiller et aumônier ordinaire du roi, et avant lui, Charles de Montchal, qui fut aussi archevêque de Toulouse. L’un et l’autre appartiennent tout autant à notre histoire locale qu’à celle de cette lointaine et magnifique abbaye de Saint-Amant-de-Boixe.

L’histoire de l’abbaye, quoi que plus ancienne que celle du prieuré de Beaulieu, ressemble assez à celle que connut celui-ci. Le déclin commencera avec la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion achevant de ruiner les deux établissements. Les menses conventuelles seront toutes deux supprimées à la fin de l’Ancien Régime.

Le rôle de ces abbés commendataires restera contesté. Ils pensèrent surtout à arrondir leur fortune personnelle qu’à venir en aide aux communautés monastiques dont ils avaient la responsabilité.


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Cela peut peut-être sembler surprenant, mais la mante religieuse est bien présente en Seine-Maritime. Inutile d’en rendre le réchauffement climatique responsable, elle était déjà installée là depuis bien longtemps. Colin de Placy mentionne sa présence du côté de Sainte-Adresse en 1878. Au siècle suivant, on la repère dans plusieurs secteurs de Haute-Normandie, sur des sites aussi distants les uns des autres que peuvent l’être Vernon, les falaises d’Orcher, Freneuse, Orival ou la forêt d’Elbeuf, que cela soit dans l’Eure ou dans notre département. Il faut bien sûr que chacun de ces endroits bénéficie de conditions climatiques extrêmement favorables, du genre coteaux exposés au Sud, situation favorisant l’existence d’un microclimat plus chaud et plus sec permettant d’accueillir une faune et une flore à caractère méridional.

A Préaux, c’est à proximité de la Clef des Champs que des mantes religieuses ont été observées à plusieurs reprises, entre 2004 et 2006. Peut-être cette espèce a-t-elle été introduite lors de la plantation de plantes ornementales, peut-être pas, mais elle était bien là.

Ne mesurant guère plus de 7 centimètres de long, la mante religieuse passe en général inaperçue lorsqu’elle attend immobile ses proies dans les herbes hautes, mais lorsqu’elle vole, on ne peut pas faire de confusion. Ce vol lourd, très caractéristique, ne peut être que le sien.

Mante religieuse photographiée en Charente. Je n’ai malheureusement pas de photos de celles qui furent trouvées sur notre commune.

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Route de la Bellevue : du nom des fermes qui se tenaient en place et lieu du hameau actuel, non du manoir qui, lui, apparaîtra beaucoup plus tard.

Rue du Bosc : l’ancienne appellation rue des Biches, au XVIIe siècle, possédait beaucoup de charme. Le Bosc s’appelait alors Bosc au Clerc. Une exploitation agricole appartenant à un établissement religieux rouennais en occupait une grande partie.

Rue du Bourg : toponyme tardif, autrefois rue de l’Église, ou encore du Cimetière, lorsque celui-ci s’étendait autour de l’église.

Allée des Buissons : située à proximité de l’allée des Prés dont le commentaire s’appliquera ici également. Toponyme de lotissement. Il m’est difficile d’exprimer ici mon désarroi. Faut-il travailler vingt heures par jour pour inventer autant de banalité ? Dernière trouvaille, ce nouveau lotissement à Préaux dénommé clos de la Rue aux Juifs…. Imaginez un peu à quel point il a fallu se presser le citron pour ajouter Clos au nom de la rue. Dans le temps, les gens avaient besoin de repères, aujourd’hui on leur vend des images.

Allée de la Croix Cabot : toponyme récent. Il fallait trouver un nom de couleur locale à cette allée installée dans un lotissement. La Croix Cabot ne se tient pourtant pas là, et n’a pas non plus le moindre lien historique avec cet endroit. La Veuve Cabot, elle-même, habitait au hameau de La Laye, et ne se partageait de son vivant qu’entre sa demeure et l’église du village.

Rue du 19 mars 1962 : une date importante marquant la fin de cette guerre impopulaire que fut la guerre d’Algérie.

Rue des Écoles : avant la construction des écoles, il n’y avait de particulier ici, au XIXe siècle, que le nouveau cimetière. La rue portait donc le nom de rue du Cimetière.

Impasse de l’Épine : cet axe appartenait depuis des siècles à la très ancienne rue des Ruettes. Il rappelle la proximité, entre Préaux et La Vieux Rue, d’un lieu que l’on nomme l’Épine à Cailloux.

Rue de l’Essart : au XIXe siècle, s’étendait encore ici la forêt. La Veuve Declercq, riche des malversations de son mari décédé, mais dorénavant liée à la famille des Boisgelin, y fit installer une ferme, des labours et des pâtures. La ferme des Essarts fut l’objet de distinctions, représentant ce qu’il y avait de plus moderne à l’époque, tant des constructions que des aménagements.

Rue de la Folletière : traverse ce hameau qui tient son nom du couvert forestier.

Impasse de la Folletière : ne fut pas toujours une impasse, mais une autre partie de la rue de la Folletière.

Allée de la Folletière : comme ce nom l’indique, cette allée se tient aussi à la Folletière, dans un lotissement qui remonte vers la Mare aux Boeufs. Il fut question de construire le groupe scolaire dans ce coin à une époque.

Route de Gournay : menait avant tout au prieuré de Beaulieu ainsi qu’aux paroisses de Bois-l’Évêque et de Bois-d’Ennebourg qui appartenaient aussi à la baronnie de Préaux. Dernière partie du trajet de ceux que l’on destinait au supplice.

Rue de la Haisette : petite barrière, petite porte, ou tout simplement, comme il semble que cela soit le cas, la déformation de Hayette, désignant la petite haie, ou la proximité de la lisière de la forêt. La rue emprunta le nom au Trou de la Haisette, trou qui ne correspondait certainement pas à une cuvette ou à un creux, mais caractérisait plutôt une habitation ou une ferme isolée.

Route d’Isneauville : n’accédait pas à la place de la Mairie par le passé. Il fallait tout d’abord rejoindre le hameau de la Rue aux Juifs, ou prendre par La Folletière. Chemin aux Ours, Val Normand, caractérisaient la toponymie de ce tracé sous l’Ancien Régime.

Rue aux Juifs : ancien nom du hameau qui se tenait sur le chemin rectiligne menant à l’entrée principale du château médiéval. C’était au Moyen Âge l’axe le plus direct entre le château et Rouen.

Rue de la Laie : tient son nom du hameau de La Laye. Portait aussi le nom de rue de la Croix de La Laye lorsqu’un calvaire se tenait sur le Parquet de La Laye, quand celui-ci existait encore. De ce Parquet il ne reste plus que le nom, nom qu’il faudra aller rechercher aujourd’hui au milieu des champs où les cartographes l’ont envoyé se promener. On se demande comment une histoire pourtant si proche ait pu s’effacer aussi vite de notre mémoire collective ? Le sommet du burlesque se rencontre plus au sud de la commune avec ce Pâtis Bulaire qui pose bien des questions sur les occupations favorites de nos ancêtres. L’ancien toponyme, les Lieus Patibulaïres, signifiait qu’en réalité on passait ici un bien mauvais quart-d’heure plutôt qu’une sieste tranquille.

Place de la Mairie : connut une longue histoire, particulièrement intéressante, mais masquée par la banalité de cette appellation.

Chemin de la Mare aux Bœufs : la forme médiévale de ce toponyme, La Marebeuf, possédait une plus belle histoire. Il est dommage qu’elle n’ait pas été conservée. Encore l’une de ces initiatives malheureuses de ces conseils municipaux des XIXe et XXe siècles, toujours aussi intransigeants sur la modernité et la culture.

Allée de la Mare Sangsue : toponyme de construction médiévale faisant référence à ce petit animal dont on se servait beaucoup pour se soigner. La mare portait une double appellation indiquant également la présence de saules. Les partisans de l’aspect médical l’emportèrent sur les adeptes de l’espace bucolique. Le véritable chemin de la Mare Sangsue existe encore en partie et passe à proximité de l’allée. Par le passé, il permettait de rejoindre à travers champs le chemin des Ruettes.

Allée du Petit Verger : origine récente, destinée à marquer la mise en place d’un petit verger conservatoire à proximité de la zone d’activité. Une belle initiative qui n’empêchera jamais ce lieu de rester ignoré des promeneurs du dimanche, tant par le manque d’accès satisfaisants que par le lieu tout simplement.

Allée des Peupliers : marque la présence de cette ligne de peupliers qui aujourd’hui sont protégés.

Rue des Pommiers : casse tête pour le conseil municipal du XXe siècle, ou de la fin du siècle précédent, qui entreprit de renommer chaque portion de la route menant au château médiéval. Les vergers étant alors très nombreux à proximité des habitats, trouver ce nom ne fut apparemment pas trop difficile.

Allée des Prés : toponyme de lotissement. Il y eut bien sûr des prés ici, comme un peu partout sur la commune, mais surtout des labours. Sous l’Ancien Régime s’étendaient sur ce lieu, depuis le presbytère, les terres agricoles appartenant à la cure, l’Acre Notre Dame.

Route du Puits de l’Aire : du puits et de l’aire de battage.

Rue du Quesnay : chemin le long duquel le hameau du Quesnay se construisit, à proximité de cette forêt dont la toponymie locale fait si souvent référence.

Rue Anthime Renard : nom d’un conseiller municipal tout simplement, très modestement.

Route de Roncherolles : partie de cette route qui voyait anciennement passer bien des voyageurs, en tout cas avant que la route de Neufchâtel ne fut construite, ou améliorée, à la fin du XVIIIe siècle. Cet axe reliait Rouen et Darnétal à Buchy.

Impasse des Ruettes : la rue des Ruettes passait là. Ce fut même par ce chemin, au XVIIe siècle, que l’on accédait de ce côté-ci au village.

Rue du Stade : faisait anciennement partie de ces chemins qui convergeaient tous vers l’église et qui n’avaient d’autre but que de limiter les trajets vers ce lieu de culte.

Allée des Tilleuls : il se tenait ici des pâtures entourées de haies vives lorsque l’on entreprit de construire ce lotissement. Il serait bien qu’un jour on donne aux lieux des noms qui possèdent un peu d’âme, que cela ne soit pas seulement à vocation commerciale. A Berlin, il existe une avenue très belle, au nom très beau, Unter den Linden. Il raconte la promenade, le temps de vivre, les petits bonheurs. Mais c’est vrai, nous ne sommes pas à Berlin.

Rue du Tour de Préaux : dernière portion à porter ce nom, de cet axe circulaire ancien qui faisait le tour du village.

Impasse des Tuileries : le pluriel n’était pas nécessaire. De plus il est trompeur. L’impasse longe la ferme de La Tuilerie qui n’a rien à voir avec la moindre tuilerie. La présence de tuiles gallo-romaines dans les labours fut probablement à l’origine de ce toponyme ancien. Elles recouvraient les bâtiments de l’exploitation agricole qui se tenait là. Le chemin porta sous l’Ancien Régime le nom de chemin des Fouages, puis, aux siècles suivants, celui des Louages, altération tardive d’un nom que l’on ne comprenait plus. Il ne devient cette impasse des Tuileries qu’au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Après le conseil municipal, l’Association des Riverains du quartier des Tuileries de Préaux enfonce le clou à son tour, et donne un petit air parisien à notre village. Verra-t-on un jour cette voie prendre le nom d’impasse de Rivoli ? Pourquoi pas. Au point où l’on en est, cela ne changera pas grand chose. Autrefois ce chemin continuait, à la rencontre des chemins forestiers du Mont Melin et d’Écorchevache, mais aujourd’hui la forêt de Préaux est devenue plus difficile d’accès qu’elle ne l’était déjà au Moyen Âge. On notera également cette évolution intéressante qui fait qu’aujourd’hui on désigne un quartier par un nom qui ne fut longtemps que celui d’une ferme, alors qu’un hameau, celui de La Rue aux Juifs, se tient probablement là depuis le Moyen Âge. Sachant l’importance de cette communauté longtemps oubliée en Normandie, il ne semble pas superflu de rappeler que la présence de cette rue dans notre village représente un élément culturel du passé extrêmement fort.

Rue du Vieux Château : indiquait par le passé la direction de Cailly, aujourd’hui la route qui mène à la ferme du Vieux Château. Quant aux ruines du château médiéval, il faudra vous faire une raison. Elles appartiennent au domaine privé.

Route de la Vieux Rue : on suppose là l’origine d’une voie romaine qui traversait d’Est en Ouest et de façon rectiligne l’ancien espace qu’occupe aujourd’hui la commune. Était presque parallèle à un second axe, disparu aujourd’hui, qui prenait par la Butte du Moulin et menait en direction de Buchy.

Groupe scolaire Jacques Prévert : l’un de ces innombrables établissements scolaires dénommés ainsi, piètre témoin de l’uniformisation de la culture des administrations et du peu d’originalité qui les caractérise. Pourquoi ne pourrait-on pas puiser dans les textes de Prévert plutôt que de se référer uniquement à la dimension du personnage ?

Ensemble Culturel et Sportif de la Clef des Champs : représente depuis le siècle dernier l’axe où les constructions se multiplient le plus sur le territoire de notre commune. Il faut savoir que lorsque l’on installa la Croix Cabot, au début du XIXe siècle, il n’y avait ici, loin à la ronde, que des labours.

Salle Pratelli : origine latine du nom du village. Les barons médiévaux qui s’installèrent ici en prirent le nom. Ils ne l’apportèrent pas. Ce bâtiment remplace le Mille Club qui fit par le passé les beaux jours de nombreux Préautais.

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J’habite la rue de la Laie, un ancien hameau déchu, construit tout en longueur et installé à proximité des terrains communaux. De ce côté de la commune, c’est un paysage de plaine qui domine, sans forêt, sans relief important non plus.

Rue de la Laie, j’ai tout de suite trouvé ce nom banal, de la même inspiration que ces rue des Pommiers ou allée des Tilleuls qui parsèment depuis des dizaines d’années les lotissements de France et de Navarre. La première fois que je passais dans notre rue, je la jugeais peu typée, presque anonyme, mais calme et sympa. Je n’imaginais pas qu’il pouvait y avoir une histoire derrière ce vide apparent, en tout cas autre chose que celle d’une vague femelle de sanglier venue se perdre ici, et encore moins celle de ces terrains communaux dont personne ne se souciait beaucoup.

Du côté du Moyen Âge

Ce fut d’abord du côté du Moyen Âge que je cherchais, avec le petit groupe qui travaille sur l’histoire de notre commune. Il faut bien dire qu’il n’y avait pas grand chose à se mettre sous la dent. Je crois bien que le plus ancien document qui parle de notre hameau date du XVIe siècle, du temps où le seigneur de Préaux était un seigneur de Ferrières. Il ne restait plus qu’à se mettre à la tâche et chercher autrement. Tout d’abord avec un dictionnaire d’étymologie, car on utilisait encore au XIXe siècle la forme La Laye, déjà concurrencée par l’écriture moderne qui ne voyait déjà plus qu’un sanglier dans ce toponyme. J’y trouvais une autre signification, celle d’un chemin qui traverse la forêt. La version du sanglier éclatait comme une bulle. La présence de deux autres hameaux proches portant les noms du Bosc et du Quesnay montrait à l’évidence que la forêt s’étendait bien jusqu’ici. J’imaginais déjà qu’une sorte de forêt primaire se tenait là, sombre, impénétrable, pleine de bêtes féroces tapies à surveiller les moindres faits et gestes des quelques hommes qui s’aventuraient courageusement ou inconsciemment sur ce chemin.

Plus tard, en m’intéressant à l’histoire des terrains communaux, je constatais que là-aussi, c’était à la forêt que l’on faisait référence. Au début du XIIIe siècle, ils étaient déjà bien là, appelés Coutumes de forêt. Je ne vais pas rentrer ici dans le détail, ce serait trop long. Il faudra attendre la sortie du bouquin de l’association (qui n’est pas pour demain), mais voilà, ces recherches posaient maintenant d’autres questions, sur l’exploitation de la forêt, sur la crainte de manquer de bois, sur la protection de la couverture forestière qui déjà au second Moyen Âge semblait menacée. Au fil de mes lectures j’appris que ce phénomène était déjà d’actualité sous l’Antiquité, au Bas-Empire en particulier, que parfois il était difficile, voire impossible de trouver autour de Rouen des arbres destinés à la construction et suffisamment âgés. Il y avait donc belle lurette que les forêts n’étaient plus sombres, impénétrables et pleines de bêtes féroces, et déjà bien longtemps que les hommes les exploitaient et les transformaient, en tout cas bien avant l’an mil.

La présence de la forêt, la structure linéaire du hameau, me firent alors penser à un peuplement datant tout au plus du Moyen Âge, destiné à ouvrir de nouvelles terres à l’agriculture. En même temps, je commençais à m’intéresser à l’Antiquité et arpentais les labours à la recherche de trucs et de machins que la lecture des travaux de l’abbé Cochet m’avait fait découvrir. Je n’y connaissais pas grand chose au début et n’en attendais aucune réponse non plus. Tous les cailloux se ressemblaient et les tessons de terre cuite que je trouvais ne signifiaient absolument rien.

L’Antiquité

La terre lourde des plateaux calcaires représentait un obstacle à l’agriculture. On admit longtemps que ce furent les romains qui les exploitèrent véritablement en installant ici comme ailleurs leurs magnifiques villae estampillées made in Italie, ces exploitations agricoles luxueuses équipées d’un chauffage central et de jardins ornementaux où le maître se délassait en contemplant ses magnifiques rosiers. Pas vraiment. Il faudra désormais se faire à l’idée que les Gaulois n’étaient pas les sauvages que nous présentaient les auteurs romains. L’archéologie de ces trente dernières années a beaucoup fait progresser nos connaissances et remis entièrement en question les travaux des historiens. Leur installation était raisonnée, tout autant que le sera celle des Romains, et leurs exploitations agricoles inspireront beaucoup les villae du temps de l’occupation.

On trouve trace des Gaulois à Préaux bien avant la présence romaine. Une sépulture découverte rue aux Juifs remonterait à la Tène ancienne, tout au moins au début de la Tène moyenne (Rapport de Diagnostic, David Breton et Yves-Marie Adrian, INRAP, septembre 2009 ). La Tène, c’est le second Âge du Fer. Cela nous ferait remonter aux environs de 300 ans avant notre ère. A cette époque l’agriculture a fait d’énormes progrès et les nouvelles vagues d’immigration celtes s’installent aussi sur les plateaux calcaires, car si la terre y est difficile à travailler, elle est aussi très fertile. C’est une excellente terre à blé. Les Gaulois sont donc bien là. Ils défrichent à tour de bras et installent leurs établissements agricoles qui formeront au second Âge du Fer un tissu dense recouvrant la Gaule entière.

L’espace qui nous intéresse ne fera pas exception. Les terres qui plus tard feront l’environnement de notre hameau montraient certainement sous l’Antiquité une apparence rurale, mélange de grands espaces boisés, car le bois est important dans l’économie antique, et de zones cultivées entourées de haies et de fossés, composées de labours et de pâtures où l’animal domestique occupait une grande place.

Difficile d’imaginer en regardant cette photo qu’il y eut ici une autre vie, un autre aménagement de l’espace. Si l’on relève bien quelques emplacements qui furent habités à l’époque gallo-romaine, on y trouve aussi quelques traces ténues de céramique gauloise impliquant une occupation plus ancienne. Dans notre région, l’arrivée des Romains ne correspond pas à un changement des habitudes brutal. Les établissements ruraux se romaniseront progressivement, sans que ne s’installent vraiment, comme ailleurs, ces grands domaines agricoles, ces villae somptueuses, qui font aujourd’hui la réputation de l’époque gallo-romaine.

A la Laie, les établissements gallo-romains semblent plutôt modestes. Le plus important date des IIe et IIIe siècles. On y vécut dans un certain confort, tuiles au lieu de couvertures végétales, mais constructions certainement en charpente et terrage, à la façon indigène. Les échanges commerciaux étant importants à cette époque, il n’est pas étonnant de retrouver sur place de la céramique narbonnaise destinée à importer le vin, ou espagnole dans le cas de l’huile d’olive. La rencontre avec Yves-Marie Adrian me procura de nombreuses informations sur les tessons trouvés là. Le tout venant, la céramique commune, provenait d’ateliers spécialisés moins éloignés, surtout de Lyons-la-Forêt, mais aussi du Pays de Bray par exemple. Il y avait un peu de sigillée.

Cette exploitation agricole disparaîtra, comme la plupart des autres. Les troubles de la fin de l’Empire, puis l’installation d’une nouvelle économie agraire, transformeront à nouveau le paysage, le façonnant autrement. La forêt regagnera l’emplacement qu’occupaient certains habitats. Plus tard, au Moyen Âge, les habitations se resserreront, s’organiseront et seront peut-être à l’origine du hameau de la Laye, mais là encore il y a un grand vide, une absence totale de données.

Bec déversoir sous forme de mufle de lion perforé, fragment d’un mortier de type Dragendorf 45. Ce type de vase très commun apparaît dans la seconde moitié du IIe siècle et continuera à se fabriquer jusqu’au IVe siècle. J’ai lu qu’il était peut-être destiné au caillage du lait, pour fabriquer du fromage.

Organisation d’un finage au Moyen Âge

Nous quittons l’Antiquité où l’habitat rural s’installait principalement de façon isolée, ou chaque ferme se tenait au milieu de ses terres. L’occupation du sol se construit dorénavant de façon communautaire. Au Moyen Âge, la forêt, mais aussi les terrains communaux boisés, se tiennent en général à la périphérie d’un finage. Le village en occupe le centre. Les terres qui demandent le moins de soins ou qui sont difficilement exploitables correspondent donc aux zones les plus éloignées des habitats, par soucis d’économie de temps dans les déplacements. Ces quelques données permettront de comprendre comment se forme le paysage au Moyen Âge et de revenir à notre hameau pour y rechercher la forêt, absente aujourd’hui.

Lorsque le sud de la paroisse était boisé

Les Coutumes de forêt occupant en grande partie le sud de la paroisse, il est donc évident que le couvert forestier ait été important ici au Moyen Âge, et ce particulièrement aux abords de la Laye. La forêt s’étend alors entre Préaux et Bois-l’Évêque, entre Préaux et Saint-Jacques, formant une sorte de frontière séparant les différents finages. Elle n’est pas forcément bien épaisse. De l’autre côté, vers Saint-Jacques, existe déjà vers 1200 l’endroit que nous nommons toujours La Vacherie. Si la forêt est bien là, elle ne forme donc nulle part un massif imposant. Elle s’écoule entre Saint-Jacques et Bois-l’Évêque, sépare également Bois-d’Ennebourg, descend vers Montmain. Elle est partout parce qu’elle est nécessaire aux habitants pour se chauffer, pour faire cuire la nourriture, pour la construction des maisons, des outils, des meubles… Elle permet de faire fonctionner les forges. On y mène les animaux domestiques pour qu’ils s’y nourrissent.

Mais très vite elle disparaitra des Coutumes de forêt, pour la simple raison qu’elle aura toujours été surexploitée et mal gérée. En 1700, il n’y a déjà quasiment plus trace d’un couvert forestier au sud de la paroisse. Au XIXe siècle on mettra les terrains communaux en culture. C’est ce paysage que nous découvrons aujourd’hui.

Tu seras un Homme, mon Fils

Posted: 2nd May 2012 by admin in Blabla
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If, Rudyard Kipling, Traduction d’André Maurois

Il y a longtemps que je voulais lui régler un sort à ce poème idiot. Depuis mon enfance. Voilà, c’est fait. Il faudrait revoir aussi tous les fondements de notre société, les habitudes, les certitudes, les platitudes, les servitudes, les béatitudes, et toutes les turpitudes que l’on nous inflige au nom de la multitude des pisse-froid à la Kipling.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.

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Pauvre Jeanne. Si elle avait su qu’on la mangerait plus tard à toutes les sauces, peut-être aurait-elle tout simplement décidé de laisser la France aux Anglais. Condamnée à mort par l’Église, oubliée pendant quatre siècles à tel point qu’à Rouen on crut se souvenir qu’elle avait été brûlée sur une place que l’on nomma place de la Pucelle, elle fera au XIXe siècle l’objet de toutes sortes de récupérations, laïque, religieuse, monarchiste, patriotique, nationaliste, voire ethnique. L’Église la béatifie en 1909, la canonise en 1920. Le culte religieux déclinera après la seconde guerre mondiale. Utilisée par la propagande vichyssoise qui lui laisse après la guerre une image peu flatteuse, notre héroïne nationale n’intéresse désormais plus guère que les partis d’extrême droite et les groupuscules néo-nazis.

Nous ne connaissons pas la véritable date de naissance de Jeanne d’Arc, pas grand chose non plus de sa première vie. Sa commémoration se déroule en mai, le 13 mai cette année, une date finalement postérieure aux élections présidentielles (la commémoration a été repoussée d’une semaine). En utilisant le 1er mai, le Front National n’avait d’autre but que de s’approprier les valeurs patriotiques véhiculées par notre personnage. Ce choix était excellent. Il permettait au Front National de profiter de l’élan populaire du 1er mai, de marquer les esprits par l’utilisation du fort symbole mémoriel que représente Jeanne d’Arc, et enfin de s’aménager une intervention médiatique remarquable lors des élections présidentielles. Si, depuis le décès de Georges Pompidou, les élections présidentielles ne s’étaient pas transportées dans cette période de l’année, nous n’aurions certainement jamais entendu parler de commémoration de Jeanne d’Arc en ce 1er mai. Nous avons donc affaire à une imposture, une récupération idéologique dans la droite ligne des héritages du XIXe siècle. Rien de neuf finalement, rien de bien original non plus.

Ici, par le passé, à Préaux, dans notre commune comme partout en France, une représentation de Jeanne d’Arc trônait dans notre église. Aujourd’hui il n’en est plus question. L’état de délabrement de la sculpture, les valeurs véhiculées, l’ont fait rejoindre un sombre placard de l’église d’où elle ne sortira plus. Ce beau visage tourné vers le mur ne contemplera plus guère que de vieux souvenirs, ceux d’une époque révolue que l’extrême droite ne parviendra pas à imposer à nouveau.

L’An 2007

Posted: 22nd April 2012 by admin in Blabla
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Voilà le moment venu de repenser un peu au passé. L’homme providentiel de 2007 s’est révélé un piètre homme d’état, vénal et combinard.